Forêt congolaise
Les forêts congolaises couvrent une superficie forestière d'environ 22,5 millions d'hectares ce qui représente plus de 60% du territoire national. Ces forêts qui font partie du bassin du Congo, possèdent une très grande diversité biologique ; aussi bien sur le plan floristique que faunique. Bien que la connaissance de ce patrimoine ne soit pas encore exhaustive, plusieurs études réalisées ont dénombré environ 6500 espèces végétales, 200 espèces de mammifères, plus de 700 espèces d'oiseaux, 45 espèces de reptiles et plus de 632 espèces d'insectes.
Ces forêts produisent de nombreux biens et services tels les ressources ligneuses (matériau bois, bois de service et bois d'énergie) et les ressources non ligneuses dont les usages sont très diversifiés. Il s'agit des produits utilisés comme nourriture ou additifs alimentaires (noix, champignons, fruits sauvages, feuilles légumes, herbes, épices, racines, graines comestibles, tubercules, condiments), des végétaux (fibres, lianes, fleurs), et leurs extraits (raphia, liège), plantes artisanales (bambous, rotins), des plantes aromatiques (huiles essentielles), des animaux ou microfaune (gibier, escargots, larves, chenilles, abeilles) et leurs produits dérivés (miel, cire ,soie), les sèves ( boissons d'Elaeis et du raphia), plantes médicinales et plantes ornementales, etc.
La mise en valeur de cette diversité biologique, est particulièrement focalisée sur la valorisation des ressources ligneuses tant du point de vue de leur gestion que de leur aménagement au détriment des Produits Forestiers Non Ligneux (PFNL) dont le fonctionnement du secteur reste très mal organisé. L'essentiel des produits tirés de ces forêts faisant l'objet des filières à caractère informel d'un bout à l'autre de la chaîne, de la récolte à la commercialisation.
En plus, nous ne disposons que des informations très parsemées du point de vue de leur méthode de récolte, des niveaux de production, des différents moyens de transport, des techniques de conditionnement et des paramètres de commercialisation.
Au point que l'absence criarde et fiable de ces différentes données limite plus ou moins une bonne connaissance de cette ressource dont la gamme est très variée et diverse.
Bien que nous notions dans plusieurs zones,une pression anthropique très forte exercée sur certains produits occasionnant leur surexploitation au point de menacer leur viabilité ou de contribuer irréversiblement à la dégradation de l'habitat, posant des problèmes tant d'ordre écologique que biologique.
Politique de gestion durable des forêts
Depuis l'année 2012, notre pays le Congo s'est engagé dans un processus de révision de son Code forestier. Cette dynamique vise le renforcement et l'amélioration du cadre juridique et institutionnel régissant la gestion durable de nos ressources forestières en général et du secteur des PFNL en particulier.
La loi n°16-2000 du 20 novembre 2000 portant code forestier et le décret 437-2002 du 31 décembre 2002 actuellement en vigueur, fixe les conditions de gestion et d'utilisation des forêts t.Bien que comportant de nombreuses insuffisances relevés ici et là, ils offrent néanmoins un cadre juridique approprié pour assurer une gestion durable des Produits Forestiers Non Ligneux (PFNL).
Nous relèveront que dans le cadre de la présente loi, la prise en compte de l'ensemble des éléments biologiques de la forêt, parmi lesquels figurent en bonne place les Produits Forestiers Non Ligneux (PFNL) dont l'exploitation et la commercialisation se font dans les limites prévues par la loi.
L'un des chapitres du décret 437-2002 consacré particulièrement aux PFNL définit leur utilisation et prévoit les dispositions réglementaires qui mettent en œuvre des programmes qui visent entre autres à :
- leur inventaire, aux fins d'améliorer leurs connaissances ;
- leur recensement sur les utilisations actuelles et potentielles ;
- l'étude des méthodes de leur exploitation, transformation et conditionnement ;
- la promotion de la consommation des produits ;
- la formulation des mesures de conservation pour les produits menacés de disparition.
Ces mesures peuvent visent un ou plusieurs produits à la fois et se rapporter notamment à :
- la limitation des prélèvements ;
- l'interdiction de certaines méthodes ou zones de récolte ;
- la domestication et la création de collections vivantes.
Les mesures ci-dessus énumérés sont prises de concert avec les communautés concernées.
Bien que les PFNL constituent une nouvelle donne, leur mode de gestion est prise en compte tant dans les politiques sectorielles que sous régionales du gouvernement.C'est ainsi que dans le cadre de la mise en œuvre des plans d'aménagement, un accent particulier est mis sur les inventaires multi ressources qui incluent les PFNL. Depuis Août 2008, notre pays dispose d'une Stratégie Nationale et Plan d'Actions National pour le développement du secteur des PFNL (SNPA).
Sur le plan institutionnel, depuis 1998, il est crée au sein du ministère en charge des forêts une Direction de la Valorisation des Ressources forestières (DVRF), chargée entre autres notamment de concevoir et promouvoir les stratégies de mise en œuvre de la politique de valorisation des PFNL et comptant en son sein un Service de la Valorisation des PFNL (SVPFNL). Egalement, au niveau de chaque direction départementale de l'Economie Forestière, existe un Service de la Valorisation des Ressources Forestières (SVRF) chargé entre autres de gérer les questions relatives à la gestion durable des PFNL.
Le domaine des PFNL ayant un caractère transversal, il a été mis en place au sein de notre département ministériel en 2011, un Comité Consultatif National sur les PFNL (CCN-PFNL) regroupant plusieurs institutions publiques, la société civile, l'université, les ONG, les privés œuvrant dans le domaine des plantes alimentaires, médicinales ou utilitaires et les institutions de recherche. C'est un cadre de concertation et de réflexion mis en place pour les questions relatives aux PFNL.
Au niveau sous régional, les gouvernements des pays membres de la Commission des Forêts d'Afrique Centrale (COMIFAC) ont souscrit à la mise en œuvre de plusieurs projets sous-régionaux avec des programmes fédérateurs et intégrés, dans leur vision commune de promouvoir le secteur des PFNL et dans la perspective de leur gestion durable ainsi que de leur contribution à la sécurité alimentaire et au Droit d'Alimentation Adéquate (DAA).
Les projets GCP/RAF/398/GER (2005-2008) et GCP/RAF/441/GER (2009-2012) « Renforcement de la sécurité alimentaire en Afrique Centrale à travers la gestion durable des PFNL » se sont inscrits dans cette dynamique.
Sur le plan constitutionnel, la COMIFAC constitue la réponse institutionnelle sous régionale la mieux adaptée,et dont la mise en œuvre du plan de convergence actuellement en pleine révision, constitue une plateforme commune d'actions prioritaires au niveau sous- régional et national.Ce Plan précise la vision commune de gestion des PFNL au niveau des axes stratégiques 2 et 5, dans les volets relatifs à la connaissance de la ressource d'une part et de sa valorisation durable d'autre part.
L'adoption des « Directives sous- régionales relatives à la gestion durable des produits forestiers non ligneux d'origine végétale en Afrique Centrale » en 2008 et dont leur prise en compte est effective au Congo à l'issue de la tenue de l'atelier de « validation des suggestions d'amélioration du cadre juridique et institutionnel régissant le secteur des Produits Forestiers Non ligneux (PFNL) » du 16 novembre 2012 au palais des congrès en est une autre illustration.
Malheureusement, cette orientation politique de gestion durable n'a pas eu les effets escomptés sur le terrain car les populations rurales ou les acteurs au développement n'ont pas été suffisamment impliqués en vue de mener des actions coordonnées qui :
- encouragent les activités de conservation et de gestion des ressources ;
- incitent aux actions de préservation et d'amélioration constante de l'écosystème où la ressource est tirée.
De façon très pratique,la politique de cette gestion nécessite une implication effective et plus volontariste des acteurs administratifs et politiques envers les acteurs. En effet, la gestion durable des PFNL est confrontéeà plusieurs défis à relever et dont les contraintes et faiblesses sont les suivantes :
- non maîtrise de l'état de la ressource ;
- absence des données qualitatives et quantitatives ;
- non maîtrise des zones de récolte et des circuits de commercialisation ;
- non maîtrise des techniques d'extraction, de conditionnement et de transformation ;
- absence des statistiques ;
- caractère informel de l'activité ;
- non implication des collectivités locales dan la gestion ;
- inorganisation des acteurs de la filière ;
- insuffisances des moyens matériels et financiers.
A terme les objectifs visés sont les suivants :
- amélioration de la connaissance des PFNL ;
- maîtrise des flux de production et de commercialisation ;
- maîtrise des techniques d'extraction et de conditionnement ;
- conservation des principaux PFNL à travers la domestication ;
- maîtrise des statistiques et de la collecte de données ;
- renforcement des capacités techniques et opérationnelles des administratifs ou agents de terrain et des acteurs au développement ;
- passage du caractère informel au formel ;
- gestion participative de la ressource ;
- organisation des filières ;
- renforcement des moyens opérationnels.